Lorsque j’écris que le handicap peut devenir le compagnon de vie d’absolument n’importe qui, cela inclut une diversité qui, je m’en étonne, a l’air de souvent surprendre les personnes qui y sont étrangers. Ainsi donc en fauteuil, en canne, en déambulateur ou avec des douleurs, vous pouvez vous retrouver face à un handis plutôt sympa ou bien désagréable, intelligent ou alors un peu idiot, cultivé ou renfermé sur ses préjugés, généreux ou pingre, altruiste ou égocentré, audacieux ou parfois lâche… Et puis croyez-le ou non puisque cela semble improbable, mais il y a des handi-pessimistes dénués de sens de l’humour certes, mais il y en a quand même beaucoup qui aiment à plaisanter sur leur propre situation… Et ça choque !

Blaguer et percevoir ces regards « je-ne-sais-pas-comment-réagir »

Pour être tout à fait honnête, je ne sais pas ce qui est le plus amusant : les vannes sacrément placées dont nous sommes capables, ou la réaction de ceux qui n’ont pas l’habitude et qui sont gênés que nous puissions nous moquer… de nous-même ! Pourtant l’humour noir est notre allié préféré pour détendre l’atmosphère, pour dédramatiser le handicap ou faire comprendre certaines choses, certains points avec légèreté mais efficacité.

Je m’entends si souvent commencer des phrases par « L’avantage du fauteuil, c’est que… »

Comment ça « un avantage » ? Mais c’est impossible, une personne en fauteuil est admirable par le simple fait qu’elle ait la volonté de continuer à vivre. Une personne en fauteuil ne peut pas travailler. Une personne en fauteuil ne peut pas avoir de vie personnelle, encore moins sexuelle. Une personne en fauteuil ne peut pas conduire. Une personne en fauteuil ne va d’ailleurs jamais nulle part : ni voyages ni même loisirs. Tant de préjugés primaires sans réflexion…

N’en déplaise donc à certains, je travaille que ce soit dans une structure avec une cheffe et des collègues que seule en freelance (coucou Sojadis). J’ai une vie personnelle très riche, une vie sexuelle active, je conduis avec bonheur (cf le livre blanc Handiconduite de Sojadis !), voyage, teste tout un tas d’activités aussi funs que sportives et je fais donc preuve d’un humour que je ne qualifierais pas d’irrésistible mais de bien présent en tous les cas !

Optimisons et rions un peu

Ainsi, effectivement, l’avantage d’être en fauteuil c’est que :

  • J’ai rarement besoin d’un panier quand je fais les soldes, mes genoux accueillent très bien la pile de vêtements tous seuls.
  • Je n’ai pas à penser à prendre un masque puisque le mien est toujours dans mon fauteuil, fauteuil constamment sous mes fesses, ce qui fait que, CQFD je ne me suis encore jamais retrouvée quelque part sans avoir un masque à portée de main.
  • Je gagne toujours au jeu des chaises musicales.
  • D’ailleurs où que j’aille je n’ai pas à m’inquiéter de savoir si et où je vais pouvoir m’asseoir.
  • Je descends les côtes bien plus vite que les piétons !
  • Les gens se souviennent facilement de moi, ils me « repèrent » sans peine (bon d’accord, ça ce n’est pas à chaque fois un point positif…)
  • On ne me reproche jamais d’être en retard parce que par défaut, les gens s’imaginent que « ce doit être à cause de son handicap » (rendez-vous au billet d’humeur de ce mois-ci pour lire une anecdote concrète à ce sujet.)
  • J’ai des places de parking réservées au plus près des bâtiments et dans les centres-villes (quand elles ne sont pas prises par des conducteurs qui n’ont rien à y faire.)
  • Places que je ne paye pas d’ailleurs, tant qu’elles ne sont pas dans des parkings fermés et sécurisés.
  • Pour beaucoup de loisirs j’ai un tarif privilégié, parfois l’ami.e/conjoit.e/membre de la famille (rayez les mentions inutiles) a lui ou elle aussi droit à une ristourne (voire la gratuité !)
  • Dans les parcs d’attractions je double tout le monde dans les files d’attentes (si je voulais je pourrais en fait le faire dans toutes sortes de situations comme les magasins par exemple, je fais simplement le choix de n’en bénéficier que dans des cas exceptionnels, quand j’en ai réellement besoin)
  • Quand j’allais sur des applis de rencontre et que je mettais une des photos de moi avec le fauteuil, ça faisait tout de suite le tri (je suis rarement tombée sur des spécimens réellement mauvais ou idiots.)
  • Je peux passer tout l’été pieds nus, même quand je conduis, puisque de toute façon je ne marche pas (et n’utilise pas les pédales), ce qui quand il fait chaud fait des envieux je vous assure !
  • Du coup mon budget chaussures est moins élevé qu’avant…

 

Savoir faire la part des choses

Je m’arrête ici mais en réalité, la liste est loin d’être exhaustive. Est-ce que le but de cet article est de montrer que la vie en fauteuil c’est génial et qu’il faut l’envier ? Certainement pas. Le handicap je m’en passerais bien, et sans aucune hésitation avec ça ! Mais pourquoi regarderais-je le verre vide alors qu’il est, en réalité, rempli à moitié ? De toutes les situations, même des plus graves et des plus dures, on peut en tirer quelque chose de positif. C’est ce que la Nature nous prouve chaque fois qu’elle reprend ses droits : après un incendie, après des radiations destructrices, après que l’Homme ait déserté un endroit… Après une catastrophe peuvent naître de jolies pousses vertes prêtes à grandir…

 

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