Ce n’est plus un secret, la société n’est pas tendre avec les femmes. Calquer au modèle « idéal » de celle qui est à la fois l’amante, la mère, la travailleuse et la maîtresse de maison, c’est autant de charges mentales accumulées. Et si elles ne me sont pas étrangères, je les trouve néanmoins amoindries de par ma situation en fauteuil.

C’est parti, je vous explique ça pour les trois grandes consécrations à collectionner pour avoir réussi sa vie (de femme) aux yeux de la société !

#1 Être en couple

Pour une femme, être célibataire peut être un poids. Certains connaissent l’affreuse tradition des Catherinettes qui pointe du doigts ces nanas de 25 à 30 ans « encore à marier », les faisant porter des chapeaux excentriques. Une femme jugée seule depuis trop longtemps est souvent caricaturée comme étant aigrie et entourée de chats, comme si c’était un problème et qui, en plus, viendrait d’elle.

Mais en fauteuil, la « faute » est au handicap. Pour beaucoup, si nous n’étions pas en couple avant d’être dans la situation dans laquelle nous sommes, c’est foutu. C’est d’ailleurs aussi ce que l’on pense nous-même au début, ça vient bien de quelque part ! Quand je dis que Marcel et moi sommes ensemble depuis 5 ans et que mon accident date, lui, d’il y a 12 ans, je vois bien l’hésitation dans le regard de certains. Comme s’il fallait faire un effort pour concevoir que j’ai trouvé un amour sain « dans cet état ».

Il n’empêche. Tant que j’étais célibataire, personne ne me mettait la pression à cause de ça : en fauteuil, ce n’est pas évident de trouver chaussure à son pied. Ou plutôt pneu à sa roue. BREF.

#2 Avoir des enfants

Comment le dire simplement ? Quand mes amies, en couple de façon stable, ont souvent droit à un « Et alors, c’est pour quand le premier ? », je n’ai jamais à subir ce genre de réflexion. Pourquoi ? C’est simple : les gens ont déjà du mal à imaginer que je puisse avoir une vie sexuelle, alors un enfant !

femme fauteuil roulant 05=Sans compter que bon, quand on dépasse un petit peu cet a-priori, de nombreux autres freins s’ajoutent. Personne n’oserait dire qu’une grossesse en fauteuil, ça se fait les doigts dans le nez. Ça n’est déjà pas le cas pour une femme valide, impossible que ce le soit pour une PMR (ce qui se confirme).

#3 Tenir sa maison

Là encore, les a-priori me sauvent. En fauteuil, nous sommes souvent perçus comme étant capables de peu de choses. Le ménage, la cuisine, ou toute autre corvée inhérente à la vie quotidienne semble trop compliquée pour nous. Mais vous voulez que je vous dévoile un secret ? En fait, tout dépend de notre environnement. Et oui ! Si j’ai un plan de travail à ma hauteur sous lequel je peux m’installer, je peux cuisiner. Pareil pour la machine à laver, le lave-linge, l’étendoir, etc.

Maintenant, est-ce que ça favorise la juste répartition des tâches entre les membres du foyer, comme c’est le cas dans le mien ? Peut-être quand même. Non pas que si j’avais été valide, Marcel en aurait fait moins, mais je sais que moi, j’en aurais fait plus.

Ainsi donc, le fauteuil peut finalement être une barrière à certains inconvénients, même s’il l’est pour des raisons qui, elles, ne sont pas très positives. Ceci dit, vous me connaissez, je préfère regarder le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide !

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