Traumatisme c’est un mot pas très joli qui fait un peu peur. Derrière peuvent être mises tout un tas de choses et parfois, cela justifie des comportements considérés comme anormaux ou étranges.

Avant je connaissais ce mot comme j’en connais, heureusement pour moi, beaucoup d’autres. Mais je n’y mettais pas plus de signification que celle que j’avais pu lire dans le dictionnaire.

Aujourd’hui c’est différent 

Aujourd’hui c’est un terme dont chaque dimension m’est désormais que trop familière. Longtemps j’ai nié avoir été touchée à ce point par ce qui m’était arrivé.

On parle souvent de faits traumatisants, le genre d’accident que j’ai à la fois vécu et subi en est un paraît-il. Et ça semble logique. Pourtant c’est une notion qui me paraissait encore floue jusqu’à il y a quatre ans. Quatre ans, soit deux ans après que j’ai glissé sur cette foutue plaque de verglas.  

Je me suis vue avoir une réaction disproportionnée face à une situation bien particulière. Cela m’a fait peur. Pour la simple raison que je ne m’y suis pas reconnue. J’ai crié contre quelqu’un, ce que je n’avais jusqu’alors fait que deux fois dans ma vie. Pas si longue certes, mais tout de même. Et puis j’ai agi avec exagération et affolement. J’ai mis cet épisode étrange de côté et l’avais-je presque oublié jusqu’à ce que j’effectue des recherches sur ma propre histoire. Dans l’idée de recoller les morceaux, faire le point sur mon accident et la nouvelle vie qu’il avait entraîné, j’ai eu besoin de revoir chacun de ses détails, de les remettre dans l’ordre, de les écrire puis de les lire pour enfin être en paix avec tout ça. 

En faisant ce travail-là, je me suis rendue compte que mon coup de colère, que j’avais relégué au rang des comportements incompris dans un coin de ma mémoire, n’était en rien anodin. Si, ce soir là, j’avais été à ce point différente de ce qui me semblait être, c’est tout simplement parce que je m’étais retrouvée dans une situation, dans un contexte, proche de ce que j’avais enduré à l’hôpital. Mon inconscient n’a finalement fait que se défendre face à ce qu’il refusait de subir à nouveau et a pris le pas sur ce que je pensais maîtriser.

C’est donc ça un traumatisme ? 

Lorsque l’on a connu quelque chose de si difficile à supporter que le rejet de ce qui le rappelle ne dépend plus de nous, mais bien de cet inconscient qui ne cherche alors qu’à se rebeller, se protéger. Et parfois la façon qu’il a de le faire est hors de notre contrôle, à des années-lumière de la personne que l’on pense être. 

Quand on voit dans les films le héro qui va chez le psy parce qu’il fait ou dit des choses qu’il ne comprend pas alors même qu’elles viennent de lui, et que le psy s’en va chercher dans les évènements personnels passés de son patient, je trouvais ça un peu absurde jusqu’à ce que je sois concernée. Pas par le psy hein ! Concernée par le fait d’avoir dans la tête des idées ou des souvenirs enfouis qui ont pourtant un impact direct sur ce que je suis, sans que je ne m’en aperçoive. Et pour certains sans que je le veuille.

En comprenant cela, j’ai compris que l’un de mes ex m’avait causé des traumatismes.

En comprenant cela j’ai compris que le fait d’être attachée au lit de l’hôpital par les poignets m’avait causé des traumatismes.

En comprenant cela j’ai compris qu’avoir un tuyau dans la bouche pour respirer m’avait causé des traumatismes.

En comprenant cela j’ai compris.

Et c’est libérateur d’avoir des réponses aux « pourquoi ». Je sais maintenant pourquoi je ne supporte pas d’être bloquée quelque part, je sais maintenant pourquoi je déteste qu’une personne qui ne me soit pas proche me touche la tête, je sais maintenant pourquoi j’ai beaucoup de mal à tenir un stylo entre les dents, etc, etc. 

Traumatismes héréditaires

J’avais lu dans une documentation très sérieuse il y a quelques années, qu’il avait été prouvé et vérifié que les traumatismes d’une mère pouvaient se répercuter sur l’enfant, même si ces-dits traumatismes étaient postérieurs à lui. 

Quelque part c’est logique puisqu’un traumatisme implique des comportements, des réactions visibles. Comportements et réactions que l’enfant va voir, va reproduire et à qui ils vont donc apparaître comme étant totalement normaux.

Par exemple. Une personne, enfant, se cogne sur le haut du chambranle d’une porte trop petite et fini aux urgences. Inconsciemment ou non, il va de ce jour conserver le tic de se baisser chaque fois qu’il passe une porte, même si cette dernière est de taille normale. Plus tard, cette personne se mettra en couple. À deux, ils achèteront une charmante petite maison au toit rouge, avec un jardin ombragé et une jolie clôture en fer blanc. Ils auront deux enfants… Ah non, trois, il y aura des jumeaux… Ils auront donc trois enfants et, sur les trois, l’un deux aura inconsciemment pris l’habitude de son parent qui, il s’en apercevra alors par cet effet miroir, passe chaque porte, quelque soit sa hauteur, en baissant la tête.

Maintenant est-ce qu’un traumatisme ça se soigne ? Certains sans aucun doute. Pour d’autres… je n’en suis pas sûre… Le débat est ouvert !

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