Pour comprendre la vie d’un handi, quoi de mieux qu’une petite anecdote en direct de la vraie vie ? 

Il faut que je vous raconte un truc

Le châssis de mon peu fidèle Albert s’est cassé. Une fois en novembre 2016. Une autre en septembre 2018. En janvier 2019 aussi. Pour celui-ci, le fournisseur s’est trompé de pièce quand il l’a commandé, ce qui fait que je n’ai récupéré le bon qu’au mois d’août. Huit mois plus tard oui, tout à fait. 

Là déjà, pour quelque chose qui devrait être incassable parce que bon, quand même, il y a des gens censés passer leur vie dessus, on est loin du compte côté fiabilité. Mais ça aurait pu s’arrêter à ce dernier remplacement non ?

Non. Visiblement la solidité n’était pas au programme dans la conception d’Albert (mon fauteuil). Parce qu’il s’est de nouveau cassé. Cinq mois après. Juste avant Noël oui. Et vous savez quoi ? Il n’est toujours pas réparé. 

Traître vs Sauveuse

Fort heureusement pour moi finalement, j’avais entamé les démarches pour acquérir un nouveau fauteuil manuel, en espérant qu’il soit plus robuste. L’idée était de conserver Albert pour les fois où j’aurais besoin d’un fauteuil de secours. Histoire de ne plus être bloquée par les fauteuils de prêts, au mieux pas adaptés pour moi, au pire datant de la préhistoire.

C’est ainsi qu’est entrée dans ma vie, en février dernier, Dolores. Dolores en qui je fonde bien des espoirs, à qui je donne ma confiance, pour ne pas reproduire la collection d’aléas désagréables vécue avec son prédécesseur.

De ce fait, il est vrai que la réparation de ce dernier qui traîne un peu me préoccupait certes moins qu’à l’accoutumée. Et puis vous savez, le confinement, le monde qui s’arrête de tourner tout ça tout ça. Nous voilà rendus en juin et toujours pas d’Albert. Il ne m’aura même pas envoyé de carte postale pour me dire que ça allait et qu’il était entre de bonnes mains !

La mauvaise foi en cadeau

Inquiète de ne pas avoir de nouvelles, je contacte l’agence qui s’occupe de mon matériel et là, la sentence tombe. Le fournisseur, la marque d’Albert (S****se pour ne pas les nommer humhum) refuse de faire passer le remplacement de châssis sous garantie. 

Bonus 😉

Alors que le-dit châssis a cinq mois à peine. Et que je ne me suis pas amusée à le faire passer sous un tractopelle pour qu’il se retrouve dans cet état (ça faisait des mois que je rêvais d’utiliser le mot « tractopelle » dans un article.) Que ça n’est donc pas tellement de ma faute s’ils sont visiblement incapables de faire des tubes de métal solides. Métal qui n’a même pas l’excuse d’être du carbone (plus fin donc parfois plus « sensible »).

Vous ne devinerez jamais quelle justification ils m’ont servie… En fait, ils ne « retrouvent pas » trace de la réparation faite en 2019. Ce qui signifie que pour eux, le châssis endommagé date de 2018. Ce qui signifie que pour eux, la garantie n’est plus valable. Ce qui signifie que pour eux, je suis une folle qui invente des remplacements de châssis. Donc vous permettez, je vais respirer un peu d’air frais et je reviens.

En-quête de preuves

Me voilà donc à appeler mon ancienne agence de fauteuil à la recherche de preuves écrites, de traces d’échanges qui permettraient de prouver que le fournisseur a bien changé la pièce maîtresse d’Albert moins d’un an avant la dernière casse. 

Je sais ce que vous allez me dire : et la facture ? Et bien elle est non recevable comme preuve car destinée (aussi) à la sécurité sociale, le détail de ce qui a été fait n’y figure pas. Sinon ça aurait trop simple, vous imaginez.

Si je ne trouve pas ce qui pourrait permettre d’empêcher tout refus de leur part, je serai obligée de m’adresser à plus haut, d’envoyer un recommandé doublé d’un mail. Je sais qu’en ce moment j’ai moins de travail que d’habitude, pour autant qui a envie de passer du temps à faire ça ?

Concrètement, et si jamais ?

Si jamais je n’obtiens pas qu’Albert soit remis à neuf comme ça devrait logiquement être le cas, ce sera retour à la case départ. Je n’aurais que Dolores qui, en cas de problème, laissera place à un matériel de secours avec lequel je ne peux pas prendre ma voiture (cause réglage du bras robot pour embarquer le fauteuil). Je serais de nouveau bloquée plusieurs mois à devoir annuler voyages et déplacements, disant « au revoir » à une partie de mes contrats donc de mon gagne-pain.

Dolores et Albert m’ont chacun coûté un peu plus de 3000€. En mai, j’ai payé Dolores pour laquelle la sécurité sociale m’aide à hauteur de 1800€ environ. Reste 1200€ de ma poche. Le prix d’un ordinateur de gamer. Le genre de truc pour lequel on économise, on réfléchit, et qui est un objet censé faire plaisir, pas une nécessité pour vivre « normalement ». Bref, 1200€ sur un seul mois, vous pensez bien que financer en plus un châssis en remplacement d’un qui était déjà quasi neuf, c’est tout simplement impossible pour l’instant.

Voilà. Je laisse tourner ça dans votre tête, je repars à la pêche aux évidences matérielles. Au dîner ce soir ? Des pâtes peut-être.

* Si ça te coûte ta tranquillité, c’est trop cher

 

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