Cessons de prendre les enfants pour des idiots. Ou de leur inculquer des demi-vérités, voire des énormités.

L’autre jour, je me baladais tranquillement en ville, ayant quelques courses à faire. Jusque-là rien d’extraordinaire. Mais au moment où j’allais rentrer dans une boutique, j’ai entendu derrière moi, une remontrance lunaire d’une maman à son enfant… m’utilisant comme moyen de pression !

« Tu vois la dame là ? Et bien tu vois elle, elle est malade et elle peut pas marcher tu vois, alors tu devrais t’estimer heureux de pouvoir le faire, et arrêter de râler quand on doit aller *raison de leur virée en ville* »

Honnêtement, j’étais à la fois tellement gênée et abasourdie, que je n’ai même pas eu la présence d’esprit de me retourner pour intervenir. Et en même temps, aurait-ce été plus pédagogique, je n’en suis pas certaine. Mais ça m’a néanmoins travaillé pendant le reste de ma journée, pour plusieurs raisons.

1) Non, une personne ne fauteuil n’est pas forcément malade.

Je l’écris encore et encore mais il faut vraiment arrêter de répondre aux enfants qui demandent « ce qu’elle a la dame » qu’elle est malade. C’est faux. Je ne suis pas malade, ce n’est pas contagieux et ils ne peuvent pas « attraper ce que j’ai ». Il existe des maladies qui ont comme conséquence un quotidien en fauteuil, comme la sclérose en plaques ou le syndrome d’Ehlers-Danlos par exemple, mais ça n’est en aucun cas universel chez les handis. Personnellement, je me porte comme un charme, à la limite je choppe un petit rhume de temps en temps, lorsque l’hiver s’installe, comme tout un chacun. Non, moi je suis accidentée, j’ai été blessée, même un « elle a le corps abîmé » serait plus proche de la vérité que de parler de maladie.

 

2) Je ne suis pas une leçon de vie.

Ni pour vos enfants, ni pour personne. Je ne suis ni votre B.A. de l’année, ni quelqu’un à sauver, ni un moyen d’expliquer la vie à qui que ce soit. Je ne suis qu’un exemple parmi tant d’autres des aléas que peut apporter la vie. Je ne suis ni une fatalité, ni une raison de vous rassurer sur votre propre vie. Et par conséquent, je n’ai aucune envie d’être un moyen de pression pour sermonner vos enfants ! Pardon, mais qu’est-ce qui peut réellement être appris de cette remontrance ? Certainement pas l’empathie, ni le respect. Au mieux, l’enfant retiendra que la différence fait peur ou sert d’avertissement. Au pire, qu’elle est un outil pour culpabiliser. Ce genre de discours entretient les préjugés et de ce fait, les inégalités. Alors que les enfants comprennent bien plus de choses qu’on ne le croit, pour peu qu’on leur parle franchement.

3) Je ne suis pas sourde

Si je ne peux effectivement pas marcher, je tiens à rappeler que ça n’a aucune incidence sur mes oreilles ou sur mon ouïe. Dois-je développer ? Parce que oui, c’était malaisant pour moi et oui, j’aurais préféré ne pas entendre ça.

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