Cette phrase, je l’ai entendue alors que je regardais la série « La servante écarlate » (saison 4 épisode 1).

Bien que le contexte dans lequel la protagoniste principale prononce cette phrase est très différent de ce que j’ai pu vivre dans le passé vis-à-vis de mon handicap, comment l’écrire autrement ?

J’ai compris

J‘ai compris, j’ai ressenti et j’ai vu avec précision quel sentiment était à l’origine de cette réflexion. Et j’ai hésité à écrire un article à ce sujet, j’hésite encore alors même que je le commence. Parce qu’il s’agit ni plus ni moins d’une émotion. De celles difficiles à expliquer, qui ne se définissent pas vraiment par des mots. Comme le fait d’aimer ou d’avoir peur, celui d’avoir mal au plus profond de soi est indéfinissable. Ce pourrait être un sujet de philo : « Qu’est-ce que la douleur ? Vous avez quatre heures ».

Avoir mal est subjectif

J’ai vu un fakir à la télé hier qui ne bronchait pas alors qu’on lui soufflait du feu sur tout le corps. Certains clichés diront qu’un homme se plaint d’avoir mal au moindre rhume. Pour certains, le mal ultime réside en ce petit morceau de brique en plastique qui traîne et sur lequel on marche pieds nus. D’autres prennent du plaisir à la douleur.

Quel que soit notre rapport au mal physique, il nous ramène à ce que nous sommes dans notre toute première définition : un être vivant fait de tissus, de chair et d’os. Lorsque l’on se cogne l’orteil contre le pied de « cette foutue table basse », rien ne compte plus que cette extrémité qui devient rouge, qui enfle déjà un peu et que l’on peine à reposer au sol. Notre cerveau ne ressent rien d’autre que ça : la douleur.

Qu’il y ait la guerre à l’autre bout du monde, un déluge de pluie dehors ou une manifestation dans le rue, c’est comme si notre esprit devenait une pièce plongée dans le noir avec en son centre, cette image de l’orteil rougit qui bat, comme dans un dessin animé. Sauf qu’à la place d’un bruitage rigolo, c’est certainement vos jurons qui résonnent en fond.

Souffrir rend égoïste

Mais si c’est le cas pour un bobo lambda, imaginez ce que c’est lorsque la douleur semble insoutenable. Lorsqu’elle donne envie de se cogner la tête contre un mur en béton, qu’elle nous empêche de dormir et qu’en plus, elle est accompagnée d’une situation psychologique complexe voire inacceptable ?

Le viol, les coups d’un conjoint, les complications suite à une opération ratée, les sondes qui nous maintiennent à vie dans un lit d’hôpital. Ces douleurs qui nous ont rapproché de la mort au sens littéral et qui occultent la moindre pensée, la moindre existence, même quelques minutes.

C’est en cela que la souffrance rétrécit le monde. Avoir mal est égoïste, malgré soi. Et en même temps, il est des douleurs qui font s’en moquer totalement. Parce que même l’égoïsme, alors, ça n’existe pas. Il n’y a que cette pièce noire, cette douleur, et le sang qui bat à nos oreilles.

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