En voilà une nouvelle qu’elle est est bonne… enfin !

AAH : « vous ne serez aidé.es que si vous être seul.es »

Il était temps : après des années de lutte acharnée, ce qui paraissait d’une logique extraordinaire à une majorité de personnes est enfin devenu une réalité légale. Recevoir une aide financière lorsque nous sommes adultes en situation de handicap devient possible, qu’importe notre situation personnelle (en concubinage, pacsé, marié…).

Parce qu’avant ce très attendu décret, à partir du moment où nous vivions avec un autre être humain, qu’il soit valide ou handi, il y avait de grandes chances pour que notre allocation saute. Les revenus pris en compte étaient effectivement ceux du foyer, et non de l’individu. Vous comprenez le malaise ?

Une telle pratique rendait dépendant financièrement de son compagnon de vie toute personne en situation de handicap. Comme si nous n’avions déjà pas notre dose de dépendance, il fallait nous en rajouter. À quel moment les politiciens ont cru que tels des enfants, nous accepterions que l’autre habitant de la maisonnée prenne en charge toute question financière, et que ce serait okay pour nous en plus ? Pourquoi de base était-ce une loi qui a été pensée, écrite, soumise… jusqu’à être adoptée ? Et enfin pourquoi a-t-il été à ce point difficile de la défaire ?

« ça n’arrangera personne et on trouvera ça normal »

Cette loi était d’une part pénible pour un souci d’éthique : nous, personnes en situation de handicap, souhaitons accéder le plus possible à l’indépendance (c’est le cas de la majorité du moins). Or cela implique que nous ne laissions pas notre coinjoint.e porter sur ses épaules la responsabilité économique de la famille. Déjà parce que ça nous met dans un état à la fois de vulnérabilité, d’inégalité, voire de culpabilité dans le couple (je parle ici du couple, mais ça peut être le cas pour d’autres formes de colocations en soi !)

Ensuite parce que c’est lui demander beaucoup en réalité : doit-on rappeler le coût d’une vie en situation de handicap ? Entre le fauteuil, le matériel médical, les adaptations diverses et variées, les soins qui ne sont pas systématiquement remboursés, tout n’est pas pris en charge, arrêtons de faire semblant ! N’existait-il pas déjà assez d’inégalités comme ça, pour que certains se disent « Tiens, et si on en rajoutait ? Et que même une fois la bêtise reconnue on n’en démordait pas ? »

La victoire d’aujourd’hui sera-t-elle celle de demain ?

La déconjugalisation des revenus pris en compte pour le calcul de l’AAH est donc une nouvelle excellente… ternie cependant par la fatigue d’avoir dû tant se battre pour quelque chose de si basique. Parce que si je vois une victoire, je vois tous les combats plus difficiles qui risquent de s’éterniser encore et encore. Nous avons attendu ce décret si longtemps alors que nos arguments sont justifiés sans l’ombre même d’un doute. Qu’en sera-t-il des revendications qui demandent plus de réflexion quant à leur pertinence ? Tout ce que j’espère aujourd’hui, c’est que nous ne retournerons pas en arrière : beaucoup assurerons que c’est impossible… Réjouissons-nous donc du présent, ayons de l’espoir en l’avenir, mais gardons tout de même les doigts croisés, on ne sait jamais !

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