J’ai commencé à écrire la liste des cent choses que j’aimerais avoir faites à l’heure de mourir. Cent choses à vivre, en plus de toutes les autres auxquelles je ne penserai certainement pas avant qu’elles ne m’arrivent.

Au début c’est simple…

Il y a des éléments que l’on retrouve facilement, qui appartiennent aux clichés de films et que l’on a envie de transposer dans notre réalité, à l’instar des trois quarts de la population mondiale. Voir les pyramides, fêter le Nouvel an à l’autre bout du monde, essayer une voiture de course, faire une balade en montgolfière ou encore, embrasser quelqu’un sous la pluie. Des classiques indémodables, et facilement réalisables finalement.

Bien sûr, chaque être humain étant unique, viennent ensuite peu à peu les désirs personnels, raccrochés à des souvenirs ou des rêves d’enfants. Déjeuner au-dessus du vide, lire tous les livres de Victor Hugo (et pourquoi pas ?), faire une soirée ciné-parc dans une vieille décapotable, posséder une voiture de 1912 (année du naufrage du Titanic) … Seulement voilà, plus j’avançais dans ma liste, et plus je me heurtais à des idées mises à mal par ma situation de handicap. Parce qu’aller au Carnaval de Venise ça paraît largement réalisable. Traverser la Mongolie à cheval beaucoup moins (ce n’est pas un « mode de transport » sur lequel je suis très stable en tant que tétraplégique, même incomplète.)

La question se pose alors : puis-je inclure des envies dans ma liste qui, aujourd’hui en fauteuil, seraient impossibles à mettre en place ? Dois-je limiter mes rêves, mes objectifs un peu fous, à ce que je suis physiquement à l’heure actuelle ? Ou puis-je me permettre d’imaginer tout ce qui pourrait me faire vibrer en prenant le risque que ça ne puisse jamais exister pour moi ?

Ce handicap, encore et toujours !

Parce que si je décide de faire fi de mon handicap moteur et que je note dans ma liste « explorer une cité abandonnée immergée » ou « me promener sur les toits d’une grande ville », qu’est-ce que ça signifie ? Les sceptiques diront que je me fais de faux espoirs, que je me voile la face et que ça peut être dangereux pour mon bien-être mental. Les optimistes pencheront davantage pour le besoin de rêver sans limites, d’avoir de l’espoir, cette émotion qui permet de déplacer des montagnes.

L’espoir, à la fois si puissant et si fragile, si salvateur et si casse-gueule. Deux solutions sont envisageables il me semble.

La première serait effectivement de terminer mon listing sans prendre en compte mon fauteuil, laissant libre cours à mon imagination et à mes souhaits, sans limite aucune. Je laisserais ainsi bon nombre de « Et si ? » se poser, tournant ma confiance vers l’avenir : l’avenir de la médecine, de la mécanique et de la technologie qui, peut-être, me feront remarcher un jour. Tout en ayant conscience que la déception pourrait se trouver à la ligne d’arrivée.

La seconde serait de s’en tenir à ce que je sais aujourd’hui. De ce que je suis et de ce qui est. Je pourrais créer une nouvelle liste en cas de miracle n’est-ce pas ? Je ne peux cependant pas m’empêcher de trouver cela légèrement… pessimiste, et de ce fait réducteur.

Il ne reste plus qu’à trouver un compromis je dirais…

Et vous, vous y mettriez quoi dans ces cent choses à faire avant de mourir ?

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