Mon père construit des maquettes de voitures. C’est sa passion, je l’ai toujours vu faire ça, depuis que je suis toute petite. Il en a plein ses vitrines, et des vitrines, il en a plein son bureau. Et un peu dans le garage aussi. Bref, vous voyez le genre.

Des étoiles dans les yeux

Enfant, il m’a emmenée sur des circuits de voiture, dans des bourses d’échanges de maquettistes, et aussi dans des évènements comme les 24h du Mans que tout le monde connaît, ou les Classic Days qui rassemblent des voitures anciennes sur le circuit de Magny-Cours. J’adorais ça.

Pendant que mes copines rêvaient d’avoir des chevaux ou de grandes maisons avec piscine quand elles seraient grandes, moi je m’imaginais au volant d’une jolie Porche 911 ou, mieux encore, d’une voiture datant de 1914. Pourquoi 1914 ? L’année durant laquelle le Titanic a coulé : je faisais une fixation sur cette date. Allez savoir, peut-être parce que les voitures aperçues au début du film me faisaient envie. Envie qui s’est confirmée quand j’ai vu certains de ces modèles en vrai de vrai.

Est-ce que, quinze ans plus tard, ça me plairait toujours autant ? Oh que oui. Mais disons que les paramètres ne sont pas les mêmes. Déjà parce que je suis adulte, et qu’en tant qu’adulte, je sais qu’on ne peut pas rouler sur la route avec n’importe quoi. Ensuite, parce que je suis en fauteuil, et ça, ça entraîne pas mal de complications.

Les roues sur terre

La première est la hauteur de ces voitures. Que ce soit la Porsche, bien trop basse, ou la rétro, bien trop haute, il faudrait que je choisisse entre pouvoir y entrer sans pouvoir en sortir seule ou bien l’inverse. Dans un cas comme dans l’autre, je pourrais dire adieu à mes déplacements autonomes !

La deuxième concerne les adaptations de conduite. Je suppose que sur une voiture actuelle, même sportive ou de luxe, ce serait jouable, mais pour celles qui datent du siècle dernier, aïe aïe aïe. C’est une autre histoire. Ce serait peut-être – je dis bien « peut-être – techniquement possible … mais pas franchement simple ! Ces véhicules anciens n’ont rien de commun avec ceux que nous utilisons : pas de direction assistée, des freins mécaniques, des commandes archaïques et zéro électronique. Il faudrait tout modifier ce qui, si je ne veux pas abîmer l’authenticité de la voiture, demanderait un artisan ultra-spécialisé, un sacré budget, et beaucoup, beaucoup de patience. Sans parler de l’homologation, qui relèverait du parcours du combattant. Un projet de passionné, pas de conductrice du quotidien.

Pour la troisième, j’évoquerais le fait de pouvoir embarquer mon fauteuil avec moi, ce qui est indispensable. Je sais qu’en sélectionnant ma Citrouille déjà, il y a certains modèles de voiture que j’avais éliminés car ils ne pouvaient accueillir de bras robot. Les 911 étant limitées en termes d’espace, je doute qu’elles puissent me permettre ce type de matériel. Quant aux voitures de 1914, faut-il vraiment que je développe ? Un monte-charge miniature avec un système de poulie serait sans doute plus indiqué, mais dans ce cas il faudra que je travaille mes bras !

Et voilà, encore un rêve de petite fille brisé par le handicap. Bon rassurez-vous, en réalité je m’en amuse. C’est parfois drôle de m’imaginer dans des situations que le handicap rendrait plus folkloriques que réellement tristes.Pensez-y : un James Bond ou un Indiana Jones en fauteuil, vraiment ?

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